lundi, août 14, 2006

Ceuses qui rient de Saint-Malo

Ceuses: c'est pour dire ceux et celles.
Comme dans l’expression «tousseux aisselles». Ça me fait penser à cette fois où mes frères m’avaient mandatée de dire ça en pleine lecture d’un texte à l’église de Saint-Malo.

Ce village patriotique où a vécu ma mère. 530 habitants. Mes grands-parents (côté maternel donc) y siègent depuis 70 années à cette époque. J’ai un gros 8 ans certain et la fierté de ma mère est la suivante : je dois lire un texte à l’autel, pour la célébration de la Fête des Récoltes. Ben oui, c'tu l'fun, elle a réussi à m'avoir ça cet honneur-là. Non mais, quelle bonne gérante elle ferait! C’est vraiment une grosse église impressionnante celle de St-Malo. Surtout quand t’as 8 ans. Et c'est un village très croyant, très pratiquant. Il y a quelque chose de mythique.

J’avais bien pratiqué mon rôle avec mes frères et quand le moment est arrivé, j’ai fait ça comme une championne, devant tout le village.

Rendue au bout du texte où je devais dire «Tous ceux et celles qui…»

J’ai interprété avec grâce mon «Tousseux», suivi d’une toux bien grasse exagérée dans le micro, suivi de «Aiselles», en exagérant mon mouvement de bras dans les airs, le nez dans le t’sous de bras. Le tout avec un air coquin de «La pognez-vous?» envers les braves assis devant moi, cherchant l'approbation de mes frère, mes guides pour cette lecture dominicale.

Mes frères, cousins et cousines ainsi que mon père étaient fiers, ma mère un peu moins.

Ceuses qui rient
Ça vaut la peine d'expliquer combien nous étions fêlés. Ceuses qui rient est un jeu qui se déroule dans la grande chambre d’invités en haut chez les grands-parents. Se jouait toujours à Saint-Malo. Il y avait dans cette pièce une canne en bambou, fine fine (parfait comme fouet qui tue). On n’a jamais su pourquoi d’ailleurs.

Tout le monde est couché à plat ventre par terre. Le maître du jeu se promène à travers les corps et a comme mission de fouetter violemment le derrière de la personne couchée qui ose rire, même un tout petit peu. Coups violents, vraiment, elle pinçait tellement la canne! Le maître pouvait également se permettre de tirer les cheveux ou pincer. Ma cousine et moi, des fois on prenait le rôle à deux. On n'avait aucune pitié.

Se jouait donc entre cousins et cousines. Évidemment, les gens couchés faisaient exprès de se faire rire entre eux. C’était tellement drôle de voir l’autre personne souffrir.

Quand on se réunissait chez les grands-parents, notre premier réflexe c'était sans exception : «On joue à Ceuses qui rient!» Et on allait s'installer en vitesse, heureux de vivre.

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